Les femmes manifestantes ciblées
Une criminalisation aux contours changeants depuis l’élection du gouvernement d’Andrés Manuel López Obrador : les femmes manifestantes ciblées
Établir un portrait exhaustif de la criminalisation au Mexique demeure un défi de taille, tant par la quantité d’écrits sur cette thématique que par la multiplicité des mécanismes de répression empruntés par les forces de l’ordre pour limiter l’accès à la justice. Certaines formes de répression, par ailleurs, brouillent la frontière entre la criminalisation et la violence extrajudiciaire. Le climat de violence généralisé, de corruption et d’impunité confère aux coupables une marge de manœuvre considérable pour criminaliser et persécuter les défenseurs des droits humains. Les discours officiels qui font grand cas de la promotion de l’État de droit détonnent avec l’utilisation de méthodes extrajudiciaires observée sur le terrain par plusieurs organismes que nous avons cités ici. Le problème est répandu dans différentes régions du pays et est modulé par les enjeux locaux. Mais une tendance lourde d’intimidation et de violence contre des personnes et des organismes qui militent pour la défense des droits humains, des communautés autochtones et pour la protection de la nature ressort de l’examen des documents synthétisés ici.
Il n’en reste pas moins que les violations commises par l’État mexicain envers les défenseurs des droits sont en diminution depuis l’arrivée au pouvoir d’Andrés Lopez Obrador. Cette diminution s’enracine dans une stratégie de contrôle social à travers des programmes sociaux, désormais privilégiée par le gouvernement fédéral. Ce changement n’est cependant pas homogène sur l’ensemble du territoire national. Les états gouvernés par le PRI, le PAN ou par de puissantes familles (Chiapas) maintiennent une stratégie de contrôle social par la terreur.
De plus, le gouvernement fédéral perpétue l’impunité et la désarticulation de l’organisation populaire par ses politiques d’omission et de simulation. Sa politique d’omission se manifeste par la non-intervention dans les affaires des États au nom de l’autonomie et de la division des pouvoirs. Une telle politique est évidemment contraire aux traités internationaux sur les droits humains auxquels le Mexique a adhéré. Ces derniers établissent ainsi que l’État est le principal garant de la protection des droits humains sur l’ensemble du territoire national.
De plus, plusieurs organisations de défense des droits sonnent l’alerte quant à une remontée des violations des droits humains et de la criminalisation de la défense des droits. En effet, avec les importantes mobilisations sociales autour du droit des femmes et contre la violence en 2019-2010 et 2021, on voit que les arrestations arbitraires de femmes sont ainsi en hausse. Elles représentent actuellement 50 % des victimes (ACUDDEH Comité Cerezo, 2020). Ce bilan accablant conduit d’ailleurs le réseau « Action urgente pour les défenseurs des droits humains » (ACUDDEH Comité Cerezo, 2020) à avancer que établit que les violations du droit à la protestation sont désormais le vecteur central de la criminalisation au Mexique, les violations à ce droit dépassant même les violations liées à la défense du territoire en 2019 et 2020.
Ce contenu a été mis à jour le 24 février 2022.